Vie chère : Paul Biya prescrit la prise en main de la situation

D’ordre du Président de la République, le Premier Ministre Joseph Dion Nguté a organisé une concertation pluripartite ayant réuni le 18 mars 2022 à l’immeuble étoile, membres du gouvernement, représentant du secteur privé et leaders d’associations de protection des Droits et intérêts des consommateurs. Objectif de la rencontre, examiner les préoccupions du patronat Camerounais au regard de la situation économique mondiale et nationale et envisager des solutions adéquates.
Le constat d’une inflation est réel tant au niveau mondial que national. La principale cause qui est d’ailleurs exogène est la flambée des cours des matières premières, du fret et du fuel, conséquences économiques de la pandémie du Coronavirus, accentuées par la crise Russo ukrainienne. Cette situation présente d’énormes risques pour les entreprises et l’économie camerounaises. Sous la conduite de Célestin Tawamba son président,.le groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) fortement impacté a porté la préoccupation au gouvernement.
Le Gicam précise qu’en 2020, le monde a connu une récession économique du fait de la pandémie du Coronavirus et les entreprises et l’économie Camerounaises ont été grandement impactées. Ceci a entrainé une baisse du chiffre d’affaires (près de 3 139 milliards FCFA soit -26%), les mises en chômage technique de 53 346 employés permanents (13,6% du total des employés permanents des entreprises modernes), les licenciements 13 834 employés permanents ( 3,5% des effectifs) et un ralentissement de la croissance économique de plus de 0,7%. En 2021, le plan de relance économique financé par un recours excessif à l’endettement a été compromis avec de nombreuses conséquences notamment le non ajustement des capacités de production, les mauvaises récoltes et la perturbation de la chaine logistique. Un regard sur certains produits majeurs permet de noter les évolutions significatives sur leurs cours mondiaux. Le Pétrole Brent connait une tendance haussière depuis mi-2020 avec le passage du prix de 51$ à 91$ (+78%) de janvier 2021 à janvier 2022.
Du fait de la crise Ukrainienne, le prix du baril à atteint 139$ en mars 2022, un niveau le plus haut depuis la crise de 2008 Le blé qui a subi une hausse de plus de 44% de janvier 2020 à janvier 2022, a subi une augmentation de plus de 83 % de janvier à mars 2022. La crise Ukrainienne a accéléré les tensions sur le marché mondial du blé car impliquant principalement le premier et le cinquième exportateurs mondiaux que sont respectivement la Russie et l’Ukraine. L’engrais qui est nécessaire pour le développement de l’agriculture n’échappe pas à ce nouveau contexte. Cet intrant a connu une hausse de plus de 293% de janvier 2020 à janvier 2022. Principale matière première pour les besoins des ménages et la production des huiles végétales raffinées et du savon, l’huile de palme a connu une hausse de plus de 101% de février 2020 à janvier 2022 (de 692,6 $ à 2092,8$/tonne).
Le prix de la tonne a doublé entre janvier et mars 2022 ( du fait de la crise Ukrainienne Le fret maritime, autre facteur majeur dans l’activité économique a atteint un pic de plus de 10 000$ par conteneur en septembre 2021, soit près de 680% d’augmentation par rapport à 2020. Le patronat Camerounais souligne aussi la dépréciation de l’euro par rapport au dollar soit de 1,13 à 1,09 entre janvier et mars 2022 (-3,5%) moins 10,1% par rapport à mars 2021. Ceci a pour conséquence immédiate, le renchérissement des Importations libellées en Dollars. De manière générale, l’on note une inflation historiquement élevée sur l’ensemble des économies. Les produits alimentaires selon la Fao ont connu une hausse de plus de 20% sur leurs prix en janvier 2022.
Le Gicam évoque aussi pour le déplorer, l’extension du PECAE à tous les produits importés et les délestages électriques. Les conséquences sur les entreprises sont entre autres la hausse très importante des coûts d‘approvisionnement et de production, la pression à la hausse des prix de vente, les difficultés d’approvisionnements /Indisponibilité de certains produits. L’on évoque aussi la dégradation des performances des entreprises avec plus de 213 milliards de surcoûts d’importations enregistrés dans Six filières au mois de décembre 2021, non inclu le secteur pétrolier dont les surcoûts sont évalués à 185 milliards pour le 1er trimestre de cette année 2022.
Cette situation présente des risques importants d’affaiblissement pour l’économie camerounaise avec les plans de réduction des effectifs envisagés, la suspension ou la réévaluation des programmes d’investissement, la dégradation des trésoreries des entreprise et les problèmes de rentabilité et de solvabilité des dites Entreprises. L’ampleur de la situation est telle que les facilités jusqu’ici offertes aux entreprises par le gouvernement n’ont eu que très peu d’impact. C’est le cas de l’abattement de 80% de la valeur de référence du transport pour le calcul de la douane qui ne couvre que 3,3% du surcoût de production pour le Ciment et 0% pour des secteurs déjà exonérés comme la farine. L’octroi des quotas d’importation pour les oléagineux Permet de combler le déficit de la production locale mais à des prix très onéreux. Pour conclure le patronat camerounais propose la mise sur pied en urgence d’un plan gouvernemental anti-inflation. Le mouvement consumériste soutient cette proposition et suggère par ailleurs l’adoption d’une politique et d’une stratégie nationale de protection du consommateur. Joseph Dion Nguté qui a attentivement entendu les parties prenantes a promis de rendre compte à sa hiérarchie. Il a instruit les membres de son équipe, de poursuivre des concertations dans chaque filière afin d’apporter des solutions adéquates.