Urgence de santé publique: le Cameroun se dote d’un nouveau plan

La cérémonie d’adoption s’est déroulée le 04 octobre 2024 à Yaoundé sous la Présidence de Manaouda Malachie, Ministre de la Santé Publique. Occasion idoine de rappeler la situation des urgences de santé publique et d’interpeller les différentes parties prenantes doivent jouer leurs rôles respectifs.
De manière générale, on note que l’Afrique continue de faire face à de nombreuses urgences de Santé publique telles que les épidémies en cours (Mpox, rougeole, fièvre jaune, choléra…), qui mettent à l’épreuve la résilience des populations et des systèmes de santé des pays.
Le Cameroun n’est pas en reste et enregistre également d’autres événements comme les décès maternels, les accidents de la voie publique ou encore les catastrophes naturelles qui ont fait de nombreuses victimes au fil des années et dans presque toutes les régions du pays. Si la situation épidémiologique 2019 indique une amélioration des données de la, surveillance depuis 2017, nombreux sont les urgences de santé publique qui interpellent le pays. Pour le Mpox , l’on note 96 cas suspectés, 6 cas confirmés et 2 décès, deux districts de santé ont signalé les cas de rougeole, les cas sporadiques du Covid-19, 905 cas de décès maternels.
L’évaluation SIMR en 2023 dans les dix régions du pays a permis de noter de nombreuses forces notamment l’existence des structures de coordination et de surveillance. Sur 100 épidémies, 91 peuvent être gérées au Cameroun. Seulement, de nombreuses faiblesses demeurent notamment les ressources financières extrêmement limitées, l’insuffisance de la surveillance à base communautaire et l’absence d’un système adéquat de transports des échantillons.
Tout récemment, la région de l’Extrême nord a fait face aux inondations affectant les populations, tant sur le plan sanitaire que socio-économique. Par ailleurs des évaluations nationales de risque ont été conduites, permettant d’identifier les principaux risques sanitaires du pays. La stratégie régionale de la surveillance intégrée de la maladie et de la riposte (SIMR) de l’Oms pour l’Afrique, qui inclut une approche communautaire et multisectorielle a été adoptée pour améliorer la détection précoce et la réponse rapide et appropriée aux urgences et événements de santé publique. C’est dans ce cadre que le Cameroun pour s’aligner aux standards internationaux a entrepris d’élaborer son plan stratégique de la surveillance Intégrée de la maladie et la Riposte (2024-2030). Aussi, pour adresser les risques identifiés, le Plan National de Préparation Multirisque et de Réponse aux Urgences de Santé Publique (PMRS 2024-2026) a été élaboré. Les deux importants documents validés récemment à Yaoundé en présence des parties prenantes (Ministère de la Santé publique, les PTA Oms, Us Cdc, Africa CDC, Usaid, Unicef, Fao, Heada, EGpaf, JhPiego, acteurs de la santé animale, la santé environnementale, les forces de maintien de l’ordre, la société civile, les collectivités territoriales Décentralisées), sont les fruits d’un travail acharné mené selon une approche pluridisciplinaire et multisectorielle, afin de garantir une surveillance harmonisée et une meilleure coordination des efforts de réponse.
Pour le patron de la Santé Publique, le pays doit disposer d’un système robuste pour la détection et la riposte rapide. Il lance à cet effet un appel à une appropriation et à une dissémination de ces documents à tous les acteurs de la gestion des urgences.
Mais au delà de l’appel, le pays a un grand de mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre de toutes celles bonnes mesures préconisées. Pour le Plan Stratégique SIMR, l’évaluation faite par les experts situe les besoins financiers à 8 milliards 79 millions de Fcfa destinés à la prévention, la détection, la gouvernance et l’amélioration du cadre juridique de la surveillance épidémiologique au Cameroun. Le Plan National de Préparation Multirisque et de Réponse aux Urgences de Santé Publique (PMRS 2024-2026) nécessite quant à lui la somme 5 milliards Fcfa pour mener les actions de coordination multisectorielle au niveau régional, l’implication des communautés dans l’atténuation des risques et l’organisation des soins de 1er secours.
L’approche Une Seule Santé en marche
Le Représentant Résident de l’Oms au Cameroun soutient : » sur 100 urgences en santé publique, l’Afrique enregistre 70% des épidémies déclarées dans le monde. Les urgences commencent et finissent en communauté. Il faut donc des communautés résilientes et des autorités de santé publique solides. Une surveillance efficace est la pierre angulaire de renseignement et les données pertinentes par les décideurs. Il faut une collaboration, une communication et une coordination. Le monde a connu 30 nouveaux agents pathogènes ces 30 dernières années dont 75% sont d’origine animale. Le Cameroun avance dans le One Heath. La résilience passera par la capacité du pays à répondre simultanément à plusieurs crises liées à la sécurité sanitaire. Il faut mettre en œuvre tous les aspects de Santé pour atteindre le plus haut niveau de Santé possible pour le Cameroun. » .
Impact attendu du Plan Stratégique SIMR
Selon les autorités et les experts, l’adoption de ce plan devrait permettre au Cameroun d’améliorer la coordination nationale des activités de surveillance des maladies, de renforcer la capacité de détection précoce des épidémies et autres menaces biologiques, d’optimiser la riposte rapide en cas d’épidémie, réduisant ainsi les risques pour la santé publique. Le document devrait également permettre de développer un cadre de suivi-évaluation performant pour un contrôle continu des activités de surveillance, et de promouvoir une plus grande interopérabilité entre les différents secteurs impliqués dans la gestion des risques sanitaires.
Attentes vis-à vis de quelques acteurs clés
Aux populations, le ministre demande de rester vigilant, attentif et proactive devant toute situation pouvant constituer une urgence de santé Publique. Chacun doit être informé et prêt à collaborer avec les autorités sanitaires en signalant tout symptôme ou évènement suspect pouvant menacer la santé des populations en indiquant une menace épidémiologique. Ensemble, nous pouvons limiter la propagation des maladies pour un Cameroun plus sûr.
Leaders Communautaires
Le Ministre de la Santé Publique fait appel au sens du devoir et de leadership des leaders communautaires pour sensibiliser les communautés en montrant le bon exemple et en divulguant la bonne information. Ils assurent la liaison entre les autorités sanitaires et la population. Leur implication est indispensable pour assurer une mobilisation des communautés afin que les mesures de prévention et de riposte soient bien comprises et mises en œuvre par tous les citoyens.
Les médias. Leur responsabilité est rappelée par le MINSANTE. Ils doivent informer avec rigueur et transparence ainsi que leur rôle crucial pour diffuser des informations fiables et apaiser les craintes en cas d’épidémie. Une Communication responsable et factuelle renforcera la confiance du public envers les efforts de riposte initiés par le Gouvernement.