Protection du Bassin du Congo: l’urgence d’une mobilisation pour stopper l’injustice mondiale

Malgré un taux de déforestation faible, compris entre 0,01 % et 0,33 %, comparé à d’autres régions forestières tropicales comme l’Amazonie et les bassins du Bornéo-Mékong, le Bassin du Congo ne reçoit que 4 % des financements internationaux soit 40 millions de dollar.
Plus grave encore, 64% des fonds sont reçus sous forme d’emprunts pour protéger les forets qui génèrent encore la plus value à ces grandes puissances mondiales qui exploitent abusivement ces ressources naturelles. Cette disparité appelle à une collaboration internationale urgente et à des mécanismes de financement innovants. C’est la principale information qui de dégage du Café-science du 31 janvier dernier à Yaoundé. Experts du Ministère de l’Environnement et du Fonds mondial pour la Nature et les journalistes membres de deux organisations professionnelles des médias étaient réunis pour échanger sur la Cop 29 et les résultats globaux et avancement de l’Initiative de Financement Forestier à Haute Intégrité COMIFAC-WWF (CB-HIFFI).
La rencontre très riche en enseignements, s’inscrivait dans le cadre du premier Café-Science de l’année 2025 de l’Association des Journalistes et Communicateurs Scientifiques du Cameroun et de la Coordination-Cameroun du Réseau des médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).
S’exprimant à l’occasion, Timothée Kagonbe, point focal des changements climatiques au Ministère de l’Environnement, de la protection de la Nature et du Développement Durable ( MINEPDED) a précisé que la Cop 29 tenu à Bakou n’ a pas tenu les promesses des fleurs avec des résultats décevants. Les grandes puissances qui dégradent l’environnement ont encore fait un dos rond sur l’accord de paris qui est très contraignant. Cette conférence des parties avait adopté la résolution de mobiliser 100 milliards de dollar par an pour soutenir les efforts et les mesures de protection de la biodiversité surtout dans les pays en développement qui sont de grandes victimes du fait de l’exploitation abusive et incontrôlée de leurs ressources par de grandes puissances. Huit an s après les accords de paris force est donnée de constater et déplorer en même temps que la faiblesse des ressources mobilisées, environ 80 millions de dollar par an. Sur les 3 milliards de dollar attendus pour soutenir les pays en développement, seulement 300 millions de dollar qui sont dégagés, un chiffre très loin des objectifs que l’on souhaite atteindre.
Selon le représentant du Minepded, le seul point de satisfaction qui ressort de la cop 29 est l’événement parallèle tenu et qui a permis de travailler sur un nouvel objectif de mobilisation financière.
Jonas Kemayou de WWF a lui aussi dénoncé avec véhémence la gouvernance forestière mondiale qui est défavorable aux pays du bassin du Congo. Il explique cependant qu’en réponse à cette situation, l’Initiative de Financement Forestier à Haute Intégrité du Bassin du Congo (CB-HIFFI) a été lancée lors de la COP27 en 2022 par le Ministre camerounais des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, afin de mobiliser un financement équitable et durable pour la région. Soutenue par la COMIFAC et le WWF, cette initiative vise à accroître les flux financiers, favoriser la transition vers une économie verte et préserver les forêts de la région. Des avancées ont été réalisées à travers des études, ateliers et actions de plaidoyer international, aboutissant à une table ronde de haut niveau à la COP29 à Bakou. » Pour promouvoir cette initiative, une table ronde parallèle a été organisée lors de la COP29 à Bakou afin de porter un message commun des pays du Bassin du Congo auprès de la communauté internationale. L’objectif était d’encourager l’adoption et le soutien du CB-HIFFI afin de garantir des flux financiers équitables pour la conservation des forêts, la protection de la biodiversité et la stabilité climatique, tout en répondant aux besoins de développement socio-économique de la région« , a-t-il expliqué aux journalistes avant d’ajouter que: » Plus précisément, cet événement visait à Positionner le CB-HIFFI comme une priorité mondiale, en mettant en avant le rôle essentiel des forêts du Bassin du Congo et en plaidant pour son intégration dans les mécanismes internationaux de financement« . Il était aussi question de mobiliser l’engagement des partenaires du Nord, en impliquant les parties prenantes internationales, les donateurs, les partenaires au développement et le secteur privé. L’autre objectif poursuivi était de renforcer la collaboration régionale, en mettant en lumière les efforts collectifs des pays membres de la COMIFAC et en sensibilisant sur les disparités de financement auxquelles fait face le Bassin du Congo. En fin, il s’agissait de définir des actions concrètes, notamment en poursuivant les études de valorisation économique des forêts et en sécurisant l’inscription du CB-HIFFI à l’agenda officiel de la COP30 au Brésil.
Au regard des avancées notées à date, les prochaines étapes de cette initiative prévoient avant le rendez-vous du Brésil, l’étude de faisabilité des mécanismes de financements et des reformes financières et l’organisation d’un sommet international spécifique au financement des forets du bassin du Congo, du climat et de la biodiversité.
Les médias qui sont des acteurs de changement devraient jouer leur rôle en suscitant une prise de conscience, en interpellant et en portant le plaidoyer auprès des pouvoirs publics en vue d’adoption des mesures appropriées pour la préservation des intérêts des populations et des États du bassin du Congo.
Un appel à l’action de toutes les parties prenantes qui doivent se mobiliser pour préserver les 200 millions d’hectare de forets qui constituent de l’Or vert des pays comme le Cameroun.
Prince Mpondo