Prévention du Cancer: Rada sensibilise sur les aliments malsains

A l’initiative de l’association Rada (Reconciliation and Development association), une rencontre pluripartite s’est tenue le 7 février 2025 à Yaoundé. L’objectif était d’échanger sur le rôle des étiquettes des denrées alimentaires dans la prévention du cancer.
Ont donc ainsi été mobilisés, les experts en santé, les représentants du Ministère de la Santé Publique; du Ministère du Commerce, de l’Agence des Normes et de la Qualité, des médias, des organisations de la société civile et les organisations de protection des Droits des Consommateurs.
Présence remarquable aussi du Pr Blaise Nkegum, Secrétaire permanent du Comité National de Lutte contre le Cancer qui a salué cette initiative qui s’inscrit dans le cadre des activités de lutte contre le Cancer au Cameroun. Il s’est aussi engagé à transmettre au Ministre de la Santé, les résolutions de cette rencontre articulée au tour des interventions protocolaires, les communications des experts, le panel de discussion entre les parties prenantes. Pour justifier l’initiative de cette rencontre, Ferdinant M. Sonyuy, Ceo de Rada a évoqué la forte prévalence des maladies non transmissibles (MNT) qui constituent un réel problème de santé publique dans le monde et au Cameroun. L’OMS dénombre 05 principales Maladies Non Transmissibles qui sont : Le cancer, les maladies cardiovasculaires, le Diabète, Les maladies respiratoires chroniques et les maladies mentales. Ces maladies ont pour principaux facteurs de risque le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, la pollution de l’air, la mauvaise alimentation et la sédentarité ou l’inactivité physique. Au Cameroun, suivant les données du rapport de suivi des progrès dans la lutte contre les MNTs (OMS-2022), 74100 décès liés au MNT, soit 35% de décès enregistrés chaque année. En lien avec l’ODD 3 relatif à la santé, le Gouvernement à travers la SND30 entend en effet réduire d’au moins 30%, l’incidence/prévalence des principales maladies transmissibles (VIH/Sida, Paludisme et Tuberculose) et non transmissibles (Diabètes et HTA). Pour atteindre cet objectif, il faut s’attaquer aux facteurs de risque parmi lesquels la mauvaise alimentation. Cet axe a particulièrement retenu l’attention de RADA qui mène actuellement un plaidoyer pour le marquage graphique des emballages des aliments. Il question d’attirer l’attention des consommateurs sur la forte teneur en sel, sucre et en matières grasses dont la consommation excessive ou inappropriée entraine des graves conséquences sur la santé avec notamment la survenue des maladies telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, le cancer.
Parlant du cancer, il occupe aussi une place de choix dans le registre des MNTs. Dr Berthe Mapoko a entretenu les participants sur le lien entre Cancer et maladie non transmissibles. Elle a souligné que le cancer constitue la deuxième cause de décès des MNT. Avec 3,3 % de mortalité (12798 décès) et 6,8% du taux de morbidité. Elle évalue à 43618, le nombre de personnes vivant avec le cancer au Cameroun avec en tête, le cancer du sein (4200 nouveaux cas chaque année) suivi des cancers de l’Utérus et du Colon qui affichent respectivement 2500 et 2000 nouveau cas chaque année.
Pour y faire face, plusieurs politiques sont formulées, entre autres, la création des espaces non fumeurs, le marquage sanitaire graphique des conditionnements des produits du tabac, l’interdiction de la publicité sur le tabac et les produits du tabac dans les médias de masse, l’augmentation des taxes sur les produits du tabac, la restriction de la publicité en faveur de l’alcool, la promotion des activités physiques, la mise en place en février 2021 d’une task force chargé de mener l’analyse situationnelle des MNT au Cameroun.
Cependant, soutient-elle, de nombreuses lacunes existent encore. Au rand de celles-ci, elle souligne l’absence des positions nationales de lutte contre les MNT, la sous hiérarchisation des MNT, la sous location des ressources, la dissonance politique avec notamment le non respect des instruments juridiques internationaux ratifiés par le pays, cas de la Convention -cadre de l’Oms pour la lutte contre le tabac. En guise de réponse, la spécialiste de santé recommande des actions orientées vers les facteurs de risque Tabac (25 à 30%), Alcool (11%), régime alimentaire (30 à50%) et les infections qui représentent 18% de risque suivant les données du Centre international de recherche sur le cancer.
Dr Camille Mba quant à elle soutient que pour mieux adresser le problème, il faut plus s’intéresser à l’aliment lui- même plutôt qu’aux nutriments et micronutriments qui retiennent plus d’attention. Parlant de l’aliment il faut questionner la quantité, la qualité et la manière de le manipuler.
De ces échanges, il ressort également que les normes alimentaires ont une place de choix dans la réflexion. Paul Claude Aimé Kegueni de l’Agence des Normes et de la Qualité a déroulé le champ d’action de cette structure avec notamment l’élaboration des normes et le contrôle de la qualité des aliments vendus. Il a aussi évoqué le Programme d’évaluation de la Conformité des marchandises avant embarquement au Cameroun (PECAE) un dispositif qui contribue au contrôle de la qualité des aliments importés.
Des mesures et bien d’autres qui souligne la nécessité d’une conjugaison d’action pour inverser la courbe vertigineuse des maladies non transmissibles au Cameroun.
Prince Mpondo