La céréale à prix d’or

Principale matière première pour la production de la farine et de ses produits dérivés largement consommés par les populations, leblé retient l’attention au niveau national et international.
Le blé est en effet une céréale centrale Our la simple raison que l’un de ses produits dérivés le pain, constitue la base de l’alimentation pour une bonne partie de la planète et couvre ainsi le 1/4 des besoins humains en calories. Mais malgré cette importance, force est de constater qu’il n’y a que 10 producteurs dans le monde qui pratiquent par ailleurs le protectionnisme économique pour assurer la sécurité alimentaire à leurs populations. Ceci rend le marché de blé très tendu et extrêmement fragile. Sur les 750 millions de tonnes produits sur la planète et dans des zones restreintes alors que tout le monde consomme cette denrée, seulement 200 millions de tonnes sont exportés. La Russie, premier exportateur, assure 40% de la livraison mondiale en association avec certains pays du bassin de la mer noire comme l’Ukraine ; L’union Européenne qui ne produit que 37millions de tonnes sur les 200 en circulation dans le monde a amorcé le processus de réduction de sa production de 10 à 20% d’ici2050.
Cette situation complique davantage le marché du blé qui connait une hausse significative des prix y compris les coûts du Fr et. Parti de 210 Euro (136 500 Fcfa) la tonne en début 2021, le prix a atteint la barre de 390 Euro (253 500 Fcfa) le tonneau 31 décembre 2021 et les analystes annoncent le prix de 400 Euro (260.000 Fcfa) la tonne dans les prochains jours. Dans la foulée, la Russie a imposé des quotas d’exportation et a institué une taxe à l’exportation qui est passée de 25 (16 250) à 50 Euro (32500 Fcfa) par tonne en l’espace de deux mois en 2021.Impact au niveau continental et national Plusieurs pays africains dont le Cameroun qui préfèrent le blé Russe en raison de sa valeur nutritive et de ses facilités de traitement par rapport aux exigences normatives et réglementaires nationales, subissent les effets du marché mondial. Au Cameroun, du fait de la conjoncture internationale, la variation d’importation du blé de 2018 à 2021 est progressive certes, mais est très fortement en diminution. De 736.000 tonnes en 2018, l’on est passé à833.000 tonnes en 2019, 890.000 tonnes en2020 et 960.000 tonnes en 2021. Mais en comparant les écarts entre les années, il convient de noter une réduction des quantités importées du fait des conditions très difficiles.
Ceci se traduit par les variations suivantes : 2019-2018 (97.000 tonnes), 2020-2019- (57.000 tonnes), 2021-2020(70.000tonnes). Les acteurs des secteurs de la minoterie et de la boulangerie rencontrés sur la question, ont soutenu que les coûts de production ont explosé du fait de cette situation exil leur devient très difficile d’équilibrer les charges. Les minotiers déclarent que le coût supplémentaire de production par sac de farine de 50 Kg qui était de 4500 Fcfa entre février et mars 2021, se situe à date à 6500Fcfa avec une perte globale mensuelle de 5milliards de Fcfa pour l’ensemble du secteur. Les acteurs disent être au bord du gouffre et pensent ne plus pouvoir assurer l’approvisionnement du marché très bientôt. Les boulangers de leur côté disent subir une hausse progressive des prix de leurs matières premières depuis plus de 3 ans. Ils déplorent une augmentation des charges alors que le prix de la baguette du pain (125 Fcfa) est resté inchangé depuis 2009. Ils estiment que le relèvement du prix de la baguette du pain à 175 ou 200 Fcfa, ou à défaut le retour au prix de 150 Fcfa comme en2009 pourrait leur permettre d’atteindre la barre de l’équilibre en faisant quelques sacrifices. Il convient de noter que dans certains pays africains qui subissent les mêmes effets démarchés international, les prix du farinet de la baguette du pain ont déjà subi des réajustements. En Guinée Conakry par exemple, la différence entre le prix d’avant et celui après ajustement est de 3079 FCFA. Le prix du sac de farine de 50 kg est ainsi passé de 18000 Fcfa à 21.000 Fcfa et la baguette du pain de 125 à 140 FCFA. Au Burkina-Faso la différence des prix qui est de3500 Fcfa a entrainé une augmentation du prix du sac de farine de 50 Kg de 17500 à21.000 Fcfa. Le prix de la baguette du pain qui est actuellement à 150 Fcfa pourrait passer à 200 Fcfa dans les prochains jours si aucune solution n’est trouvée aux préoccupations des opérateurs. Au Sénégal, la différence des prix est de 2595 Fcfa après suspension des droits et taxes de Douane. Elle est répercutée sur le sac de farine de50 kg qui passe de 16600 F à 19193 Fcfa avec un prix de la baguette qui passe de 150 à175 Fcfa. Quelles solutions ? Les meuniers et les boulangeries sollicitent des autorités, des allégements fiscaux supplémentaires ou à défaut, un réajustement des prix pour équilibrer leurs charges de production. Ils sollicitent un accompagnement du gouvernement sous plusieurs formes (suspension de paiement de certaines taxes, annulation de la décision d’appliquer le Programme d’Évaluation de la Conformité de la marchandise avant embarquement (PECAE) sur le blé, répercussion mesurée d’une partie du surcoût engendré par l’augmentation sans précédent du prix du blé à l’international sur les prix de vente de la farine).
Les consommateurs très préoccupés et redoutant un effet boule de neige, ont proposé au gouvernement quelques pistes de solution. Dans sa déclaration à la presse le 06 Janvier 2022 douala, la Coalition des Consommateurs Camerounais suggère entre autres: la tenue d’une concertation entre l’administration Publique, le secteur privé et les associations de protection des droits des consommateurs en vue de trouver le juste équilibre entre l’amortissement du choc extérieure le prix final de vente aux consommateurs’ épuration par le gouvernement, de la subvention promise aux opérateurs du secteur meunier en 2011 afin de leur permettre d’amortir les charges supplémentaires de 1000 FCFA qui disaient supportera l’époque par sac de farine de 50 kg vendu pour la période allant du 1er juillet au 31 Décembre 2011 ( Selon les opérateurs, la dite subvention est évaluée à 3 milliards de FCFA), la relance des activités de la FCFA depuis plus de trois décennies déjà, le soutien aux universitaires pour les travaux de recherche sur les substituts ou produits alternatifs au blé susceptibles d’intéresser l’industrie meunière et l’élaboration et la mise en œuvre en collaboration avec les associations de promotion, de protection et de défense des Droits et intérêts des Consommateurs, d’une campagne d’information et d’explication de la situation; et de sensibilisation et d’éducation des consommateurs sur le changement des habitudes alimentaires.